II - AVANT LE MASSACRE
Petite chronologie de la France
en Asie sous le Second Empire
1856
: débarquement français à Saigon en Cochinchine (Sud-Vietnam).
1857 : occupation
de Canton par les Français et les Anglais.
1858 : 1er traité
de Tien-Tsin entre la France et la Chine, qui stipule notamment
(Article 13) " La
religion chrétienne ayant pour objet essentiel de porter les hommes à
la vertu, les membres de toutes les communautés chrétiennes jouiront
d'une entière sécurité pour leurs personnes, leurs propriétés et le
libre exercice de leurs pratiques religieuses; et une protection
efficace sera donnée aux missionnaires qui se rendront pacifiquement
dans l'intérieur du pays."
1858 : la Grande-
Bretagne occupe l’Inde.
1858 :
Expédition franco-espagnole au Vietnam dirigée par l'amiral Rigault de
Genouilly : bombardement de Tourane (en Annam -centre
Vietnam-)
1859 : prise par
les Français de la citadelle de Hué, capitale de l’empire d’Annam.
1859 : (17
février) les troupes françaises s’emparent de Saigon et l'occupent
jusqu'en 1862.
1860 : début de
la guerre franco-vietnamienne pour le contrôle de la Cochinchine, qui
durera jusqu’en 1862.
1860 :
sept-oct Expédition en Chine. Victoire franco-anglaise au pont de
Palikao (21 septembre), occupation de Pékin (13 octobre). Pillage et
incendie du palais d'Eté.
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Image
publicitaire "Médaille de Chine"
(source : Wikipedia")) |
1860 : deuxième
traité de Tien-Tsin, ouvrant à la France et l’Angleterre de nouveaux
ports.
1862-1867 :
annexion de la Cochinchine
1862 : traité de
Hué, où la France obtient la partie orientale de la Cochinchine.
1863 : traité de
protectorat sur le Cambodge (11 avril).
1867 : annexion
par la France de la partie occidentale de la Cochinchine.
1870 : guerre
franco-allemande ; abdication de l'Empereur Napoléon III et
fin du Second Empire.
Notre version des événements de
Tien-Tsin avant le massacre
De manière
certainement imparfaite mais non partiale, nous donnerons ici notre
version de cette tragique histoire. Les passages en italique, sauf
autre mention, sont des citations d'un livre écrit par un missionnaire
(Maurice Collard, Les
martyrs de Tien-Tsin, Imp. de Balan-Sedan, 1926)
Les
deux traités de Tien-Tsin, le premier non appliqué, le second imposé
après la victoire des troupes anglaises et françaises et le
regrettable, condamnable et inexcusable "sac du palais d'Eté"
ouvrent en 1860 de nombreux points de la Chine, à la fois à la présence
officielle (consul), commerciale et religieuse des occidentaux. Tien-Tsin
(Tianjin) en fait partie. C'est
toutefois un religieux lazariste chinois, le père Joseph Tsiou, habile
médecin, qui commence une action missionnaire. "Il
s'occupe surtout du baptème des bébés moribonds". Il
rencontre une vive hostilité d'une partie de la population avant de
mourir de maladie en août 1861. Il est remplacé par un autre missionnaire
français, puis par un groupe de religieuses de la congrégation des
Filles de la Charité, Françaises pour l'essentiel, à l'exception d'une
Irlandaise et d'une Belge.
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Ces
religieuses sont naturellement animées des meilleurs intentions :
sauver les âmes du plus grand nombre de Chinois, en les arrachant au
Démon et à la barbarie ! Pour "faire du chiffre" (que les Martyres nous
pardonnent !), elles continuent comme leur précédesseur à baptiser les
enfants sur le point de mourir, y compris dans un orphelinat chinois
dont elles avaient obtenu l'accès. "Dès
la première année,... nous pûmes envoyer six cents petits anges au ciel
"
(Soeur Dutrouilh). Mais très vite, certains Tien-Tsinois s'alarment de
leur activité, et fin 1863, Soeur Marthe écrit "Mille
bruits fabuleux courent sur notre compte, et les chrétiens ici sont en
trop petit nombre pour les réfuter". Après
l'achat d'une nouvelle maison à un mandarin, les choses s'améliorent un
peu : "Les
païens... commencent à comprendre que nous ne sommes pas venues dans le
but de leur arracher les yeux, ou de faire un commerce avantageux" Car ce sont
bien là les bruits qui circulaient ! (Et d'ailleurs, "le
jour des massacres on trouvera... un bocal de petits oignons confits :
le peuple prétendra que c'était une conserve d'yeux arrachés aux
enfants"...).
Les
soeurs se trouvent rapidement assistées par deux prêtres catholiques
lazaristes, l'un Français, Claude-Marie Chevrier (nommé à la fin de
1864 après une mission on Mongolie), l'autre Chinois, Vincent Ou. Eux
aussi, dans le droit fil d'une oeuvre alors en vogue, dite de "la
Sainte Enfance", cherchaient à baptiser et à enseigner les
petits enfants (parfois malades ou chétifs) dont les familles ne
pouvaient ou ne voulaient s'occuper.

Père
Claude-Marie Chevrier
Père
Vincent Ou |
Le
père Chevrier s'employa à faire édifier une église, qu'il tint (en
ancien militaire !) à nommer Notre-Dame des Victoires, ce qui n'était
peut-être pas une grande preuve de psychologie. C'est bien
cette église qui figure sur notre éventail. Elle fut terminée le 8
décembre 1869... et connut bien des difficultés : détruite en
1870 lors des événements dont nous parlons, elle fut reconstruite
mais dévastée àpeu après lors de la guerre dite des Boxers en
1900.
Plus près de nous, elle fut victime du tremblement de terre
de 1976 et
à nouveau rebâtie avec la même allure, celle d'une église du Nord de la France !
l'église
photographiée avant 1900 (révolte des Boxers) |
l'église
actuelle |