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Aperçu historique

Les ouvrages cités en bibliographie donnent sur l'histoire de l'éventail des avis nombreux, souvent identiques et cependant fréquemment erronés, ou du moins incertains.

Nous nous contenterons donc ici de donner quelques lignes et points de repère, pris notamment dans Eventails de Maryse Volet et Annette Beentjes (Editions Slatkine, Genève, 1987) et  L'éventail à tous vents (Louvre des Antiquaires, Paris 1989) avec texte de Michel Maignan. Ce dernier donne avec Serge Davoudian sur le site du Cercle de l'Eventail une Histoire de l'Eventail bien illustrée : http://cercledeleventail.fr/histoire-de-leventail/

Grâce au Rijskmuseum d'Amsterdam voici aussi quelques éventails montrés dans des tableaux de maîtres.


La préhistoire

Nous n'avons pas de témoignage de l'existence de l'éventail à l'époque préhistorique. Toutefois la parenté de cet ustensile avec le chasse-mouches, et son utilisation dans ses variantes rustiques, pour entretenir le feu permettent de penser que nos lointains ancêtres ne l'ont pas ignoré. Voir à ce sujet galerie.htm, pour un exemple "moderne".

 

L'antiquité

Des éventails très anciens sont attestés en Egypte il y a plus de 5000 ans ! Il s'agit d'éventails de cérémonie, fixes et à long manche, actionnés par des serviteurs. D'autres, en plumes d'autruche, âgés de plus de 4000 ans, ont été trouvés au Soudan. La tombe de Tout-Ank-Amon en contenait deux : éventails fixes, aux manches richement décorés d'or et de pierres, dont les plumes ont hélas disparu. Sur ce sujet, nous vous suggérons d'aller voir, due aux "Amis de l'Égypte Ancienne" , association des Pyrénées Orientales (France), une intéressante page sur les Eventails de Tout-Ank-Amon. Merci à eux de cette contribution ! Allez aussi voir les remarquables éventails égyptiens reconstitués par Willie Evans (page en anglais, mais photos en langage universel !)

En Assyrie, comme le montrent par exemple deux cylindres décrits dans un site (disparu) des élèves de l'école Normale Supérieure, l'éventail de palmes était utilisé, notamment lors de cérémonies religieuses. 

De nombreuses sculptures ou oeuvres graphiques dans la plupart des grands musées, montrent des éventails fixes, et nombre d'auteurs anciens, les évoquent, notamment au théâtre. Nous donnerons ici la description d'Anthony Rich (Dictionnaire des Antiquités..., traduction M. Chéruel, 1883) :

"Flabellum - Eventail . Les éventails des dames grecques et romaines étaient faits de feuilles de lotus, de plumes de paon ou d'autre matière de ce genre, peinte de brillantes couleurs. Ils ne pouvaient pas s'ouvrir ou se fermer comme les nôtres, mais ils étaient raides et avaient un long manche... puis qu'on se servait toujours d'un esclave..." (on notera ici que l'iconographie nous montre pourtant bien des éventails individuels !) Rich présente un éventail en feuille de lotus, d'après une peinture de Pompéi, l'autre en plumes de paon, d'après une peinture de Stabies. On notera que tous ces éventails étaient fixes, même si des "tabulae" ont pu préfigurer les éventails "brisés".

L'antiquité extrême-orientale n'était certainement pas en reste : toutefois, bien que certains textes (non contemporains) en mentionnent la présence il y a 3000 ans, les éventails (fixes d'abord) ne sont pas attestés en Chine avant 600 av. J.C. et au Japon avant le 3ème siècle de notre ère. On a trouvé en Chine des éventails en bambou tissé datant du IIème siècle av. J.C.

 

Bas-Empire et Moyen Age

Les dames continuent certainement, à Rome et à Constantinople puis Byzance, à utiliser les éventails décrits ci-dessus. L'éventail conservait avec l'Église Chrétienne le rôle liturgique que la religion juive donnait déjà aux Séraphins. Les "flabella" utilisés semblent avoir été soit à plumes fixées sur un manche, soit du type "cocarde" ou "écran soleil", genre d'éventail que l'on retrouvera jusqu'au XXème siècle, dans des usages généralement plus profanes. Encore faut-il noter que ce n'est qu'avec le concile de Vatican II, il y a moins de 40 ans, que le flabellum disparaîtra des attributs pontificaux. L'un de ces éventails, dit "flabellum de Monza" (VIème siècle) était d'ailleurs la réutilisation d'un objet ayant appartenu à une dame de réputation incertaine... qui par ce don aurait racheté ses fautes !

 

Dans la "société civile" italienne, et sans doute en d'autres lieux du pourtour méditerranéen voire d'Afrique ou d'Orient, c'est cependant l'éventail écran, notamment de forme drapeau, qui était, semble-t-il, le plus répandu.

A Djibouti, de nos jours encore, l'on trouve des "massarfa" de fibres tissées. A l'origine, ces écrans étaient des objets rituels, utilisés le jour des noces pour rafraîchir le jeune marié. Ces massarfa sont souvent très colorés et frangés de brins de laines multicolores.

On trouve dans diverses autres régions du nord de l'Afrique (Mali etc.) de tels éventails... qui sont hélas parfois confondus, quoique datant du XIXème ou XXème siècle, avec ces anciens écrans italiens...


 

Pendant ce temps, au moins dès le IXème siècle, le Japon, qui avait sans doute reçu l'écran de Chine, inventait l'éventail plié, et développait autour des "Uchiwa" et des "Ogi" tout un cérémonial de préséances courtisanes, cependant que l'éventail plié, sans doute par l'intermédiaire de la Corée retournait en Chine, où les meilleurs peintres allaient en faire usage, notamment à l'époque Ming.

(Ci-contre, détail d'une feuille d'éventail portant la signature du grand peintre Qiu Ying [Chiu Yin]  -milieu de l'époque Ming-)

Mais d'autres civilisations, encore insoupçonnées en Europe, comme celles des Aztèques et des Mayas, avaient elles aussi connu les éventails.

 

La Renaissance

Les voyages maritimes circumplanétaires, et le partage du monde entre Espagne et Portugal, amèneront les souverains ibériques à recevoir de Colomb et Cortes des éventails de plume (dont celui de Montezuma, aujourd'hui à Vienne), et les navigateurs lusitaniens à découvrir au Japon l'éventail plié. Ils en ramèneront des caisses, qui de Lisbonne se répandront dans la péninsule et en Italie, où la renaissance s'épanouit, suscitant l'envie des rois de France. Et c'est Catherine de Médicis, reine de France, qui aurait introduit en France les premiers éventails pliés. En Angleterre, Elizabeth Ière prisera fort, semble-t-il, les éventails de tout genre, au point de décider que c'était là le seul cadeau que pussent lui faire ses sujets !

C'est à cet époque d'ailleurs que son nom se fixe : le Moyen-âge avait connu les "esmouchoirs", puis les "esventours" (dans une charte de 1384), et Rabelais décrivait encore "des esventoirs de plumes, de papier, de toile".

 Il reste fort peu d'éventails de cette époque.

 

Le XVIIème siècle

 Contrairement à ce que l'on aurait pu imaginer, les pays importateurs premiers de l'éventail ne développèrent pas les premiers une véritable activité de création. En dépit de ce que la production actuelle pourrait faire croire, l'Espagne (et surtout le Portugal) ne s'y adonnèrent guère. C'est surtout en Italie (parallèlement aux éventails écran, qui demeuraient appréciés) que se développa une production de qualité, grâce aux prouesses des peaussiers dans l'obtention d'un vélin particulièrement fin, dit cabretille, peau de cygne etc. Les italiens et les français utilisèrent assez vite ces peaux (et, plus rarement, du papier), en y reproduisant des scènes mythologiques ou tirées de l'histoire ancienne, sur la base de tableaux de peintres connus.

Des graveurs célèbres s'illustrèrent aussi dans la création de feuilles d'éventail, notamment Abraham Bosse ou Jacques Callot en France, Wenceslas Hollar en plusieurs pays. Ces feuilles sont souvent destinées à des écrans fixes, qui seront usités aussi dans les siècles suivants, avec des manches généralement en bois et tournés.

Bataille Navale représentée sur l'Arno à Florence en 1619

Gravure de Jacques Callot, dite "L'Eventail", quoique destinée à un écran, mais dont la forme a été reprise pour des éventails Louis XIV ( © Coll. C. & P.H. B.)

Les montures des éventails pliés étaient le plus souvent d'ivoire, souvent peu décoré, mais où l'on adjoignit bientôt des incrustations de nacre, d'écaille. A la fin du siècle, le progrès des techniques vit apparaître des montures en écaille (éventuellement "piquée" d'or ou d'argent, avec des décorations à la Berain) ou en nacre, lorsqu'il fut possible de réaliser solidement des brins comportant quatre ou cinq morceaux collés ensemble.

Les éventails les plus luxueux recevaient une monture en métal précieux, qui généralement n'a pas résisté à la fonte, notamment par application des édits royaux. Ceci explique, avec les accidents survenus sur les autres types de monture, que beaucoup de feuilles de cette époque nous soient parvenues sous forme de tableaux, souvent ainsi "mises au rectangle" et plus ou moins repeintes.

Les formes et les styles peuvent varier. On note cependant une prédominance de fonds sombres, et, souvent, sur la contre-feuille, de remarquables jetés de fleurs, fort comparables à certains tableaux alors en vogue. Parfois (en Angleterre notamment, où l'on utilisait des peaux plus grossières, et où l'éventail ne comportait qu'une simple feuille (monture justement dite "à l'anglaise"), le revers comporte un simple surlignement des "bouts" par une sinueuse ligne dorée.

           fillette éventail fin xviie  Sotheby's Old Master Paintings, London, Tuesday, October 31, 2006  lot 128       

Fillette italienne portant à la fin du siècle un éventail de petite taille avec bélière (cf. détail à droite).


détail



Deux détails (feuille et contrefeuille) d'un éventail (anglais ?) fin XVIIème (Diane poursuivant Actéon)

(© Coll. C. & P.H. B.)




A la fin du siècle, en imitation d'éventails introduits d'Asie, on vit également se développer une production d'éventails brisés réalisés généralement sur ivoire, rarement sur bois. Ils seront souvent ajourés, et le revers reproduit en dessin ou teintes estompées la peinture vue par transparence. La minutie des peintres, et la convenance particulière de l'ivoire pour la miniature ont donné lieu ici aussi à de très beaux objets.  

 
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