La
Fan Association of North America (FANA) n'avait jamais consacré un
article à l'un des monarques les plus puissants de tous les temps :
Louis XIV, (aussi dit « Le Grand » ou « Le Roi Soleil »),
si on excepte en 1983 -1984 une série d'articles traitant des costumes
de l'époque par Lenore Gershuny, (qui fut par exemple commissaire de Fanfare,
une exposition à la Smithsonian`s Renwick Gallery à Washington, D.C.).
Pour cette raison, cet auteur a écrit un petit article pour le FANA Forum de mars 2023, que les membres peuvent lire en ligne sur le site de l'association (https://fanassociation.org/). Cependant un public plus large peut s'intéresser à ce sujet, et se voit désormais proposer ce court article, un peu amendé.
Je
montrerai ici un éventail qui n'est pas seulement du temps de Louis
XIV, ou montrant des personnages ou des modes du temps, avec le
grand roi lui-même. Pour les personnes novices dans ce domaine,
l'objet ne sembble pas être un éventail. Car il ressemble à un
petit tableau. C'est ce que les connaisseurs appellent souvent en
France un « éventail au rectangle », mais que beaucoup d'experts non
spécialisés appellent « projet d'éventail ». Pour en savoir un peu plus
sur ces objets vous pouvez lire mon article « Éventails, rectangles et charivaris » dans Le Vieux Papier, F. 434, octobre 2019, p. 182-189 ou, en anglais, "Hand Fans, Rectangles and Charivaris" , Fans, FCI Bulletin,
n° 107, Autumn 2019, p. 52-58. Cet article est disponible pour
les adhérents sur le site internet de cette autre association (https://fancircleinternational.org/). Si les éventails vous intéressent, songez à rejoindre ces associations (ou, en France, le Cercle de l'Eventail. Mais sur notre site, vous pouvez découvrir deux autres « éventails au rectangle » : un avec un cochon... et un avec une oie
! Pour simplifier, disons qu'une feuille d'éventail a été étendue pour
former un peinture rectangulaire. La feuille a ensuite été collée sur
un panneau de bois assez mince. Les parties vides (angles supérieurs et
« gorge »,
le demi-cercle où prenaient place les baguettes d'origine) ont été
complétées par l'emboîtement de morceaux de peau (ou de papier ? -
difficile d'en être sûr). Ces parties ont été peintes afin de continuer
la feuille : arbres et ciel ou herbe et rochers. Bien que cette
transformation ait été effectuée très peu de temps après l'éventail
lui-même, il est probable que quelques coups de pinceau ont également
été ajoutés à la feuille existante elle-même, pour donner le meilleur
aspect à l'ensemble de l'objet. Cependant, les plis de la feuille
restent encore visibles.
On
peut voir plusieurs éventails de ce genre dans le livre de Pamela Cowen
publié à l'occasion del'exposition du Fan Museum de Greenwich "A
fanfare for the Sun King" qui se dérouladu 4 juin au 31 septembre
2003. Concernant les éventails français et les feuilles d'éventails
liés à Louis XIV, il n'y a toujours rien de mieux. Si vous le trouvez
sur le net (j'en vois à moins de 7$ !) ou dans les ventes aux enchères,
vous ne regretterez pas votre argent. Que voyons-nous ici ? Le roi est,
bien entendu, placé en bonne place, et dirige une petite troupe de
membres de la famille royale et de courtisans. Ils regardent un autre
groupe qui suit une meute s'apprêtant à attaquer un cerf : la curée va
bientôt avoir lieu.
Parmi
ces personnes, notez certaines portant des vêtements bleus. Ces
derniers étaient réservés, par une ordonnance royale de 1659, à la
livrée du Roi et donc ici des veneurs.
Comment être sûr que l'on voit le roi lui-même, et comment savoir où se
déroule cette action ? La figure de Louis est facilement
reconnaissable, et l'éventail est, comme souvent, en partie copié d'une
gravure, ici d'après un tableau de 1670 d'Adrian Van der Meulen, auteur
de nombreux grands tableaux montrant le roi à la chasse ou à la guerre.
Regardez surtout ci-dessous la partie droite de la gravure et
l'arrière-plan.
Le
groupe avec le roi lui-même a été inspiré par une autre œuvre d'art,
probablement à nouveau par Adrian Van der Meulen, peut-être celle
montrée ci-dessous à droite (Vue du château de Fontainebleau du côté des parterres en 1669, Château Musée de Versailles,MV 4343 ; INV 1519 ; MR 856).
A
chaque fois, nous voyons clairement au fond le Château de
Fontainebleau, construit par le roi François Premier et haut lieu
napoléonien, mais où Louis XIV lui-même passait plusieurs
semaines par an avant l'achèvement de Versailles. Et icin nous pouvons
même préciser l'endroit à partir duquel le peintre, a travaillé : c'est
un endroit désormais appelé les Rochers Lapito (longitude 2,7089,
latitude
48,3944). Il y a là maintenant beaucoup plus d'arbres. Mais derrière
ceux-ci, le paysage (heureusement protégé jusqu'à présent par la
réglementation sur les monuments historiques) n'a guère changé.
J'envisage
d'améliorer un jour cette page, ou de la transformer en un article plus
important. Mais j'espère que telle quelle, elle ne vous a pas déplu
!
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