Galerie école 2
Most parts of this page are now also
in ENGLISH !
Nous allons ici vous exposer, au gré
de notre fantaisie ou ( pourquoi pas ?) de la votre, quelques éléments
divers ou curieux, sans ordre apparent, afin d'intriguer, amuser
et instruire. Comme pour les autres rubriques, n'hésitez
pas à suggérer, réagir et ... revenir !
Le sexe de l'éventail
I
Si la controverse (évoquée
ci-dessous) sur le genre du mot "éventail" n'a guère
duré, il existe assurément des incertitudes sur
le sexe de ses utilisateurs. L'antiquité et l'Orient
accordaient cet attribut aux deux sexes, et il était
même signe de pouvoir ou de dignité pour certains
hommes : flabellum des papes, "gunsen" (éventail de combat)
des japonais. Voyez en ici un exemple, où l'éventail
chinois sert, en 1986 encore, de carte de visite !
Certains auteurs attestent l'usage de l'éventail
par les hommes dans l'Europe moderne,en particulier Mme Esther
Oldham, célèbre collectionneuse américaine,
auteur de nombreux articles, dont la collection se trouve au musée
des Beaux Arts de Boston.
Pour d'autres cependant,
suivant là le pamphlet de "l'Isle des Hermaphrodites", contre Henri III, ils ne
voient dans les exemples cités qu'une mode d'efféminés
(pourquoi pas ? un célèbre café "gay",
près des Halles, à Paris, remettait il y a peu
des écrans en forme d'éventail à ses clients..).
Le Dictionnaire de L'Académie
française, 1ère Edition,
1694 indique d'ailleurs
à ce mot : Eventail. s. m. Instrument qui
sert à éventer. Eventail de peau de senteurs.
eventail peint. eventail de plume. bastons d'eventail. il n'y a gueres que les femmes qui portent des
eventails.
Le même dictionnaire,
dans sa Cinquième édition, 1798, répète
: "Il n'y a guère que les femmes qui portent des éventails"
La rédaction
répétée de ces définitions (alors
que les auteurs faisaient peut-être allusion à
l'usage masculin de l'éventail en Orient) nous laisse
penser que les hommes, en occident, n'ont utilisé l'éventail
que par exception ou excentricité. Sur un bel éventail
de la fin du XVIIème siècle, nous trouvons cependant
ce gentilhomme , qui semble se trouver fort bien en compagnie
des dames, tout en agitant son éventail. Qu'en conclure
? : rien, pour l'instant, sinon que pour être collectionneur
d'éventail, le sexe ne saurait être un critère,
même si l'on trouve dans la famille plus de dames que
de messieurs !
|
|
étage au dessus
retour à l'accueil
|
?
Éventail : masculin, sans
contestation. Les picards disent éventaille,
au féminin, au lieu d'éventail, ce qui
à fait croire à quelques uns qu'ils
disent éventail au même genre.
Considérations de Monsieur Ménage
sur la langue française (Paris, 1677)
|
MADRIGAL
J'ai pris vostre éventail, Madame, Mais n'en soyez pas en courroux, Songez à mon ardeur, considerez ma flâme, Vous verrez que j'en ay plus de besoin que vous.
MONTREUIL, Mathieu de (1620-1691)
: Stances, madrigaux, lettre
de Monsieur de Montreuil. Paris : à la Sirène,
[s.d.]
|
?
|
L'éventail poétique
Sus donc, laisse cet air, orage Boréan, Ruine du printemps et des fleurs tendrelettes; Vien, soulerre au doux flair, et d'ailes plus mollettes Au mignard eventail sous un souffle benin Evente promptement les fleurs de mon jardin. (Rémy BELLEAU, Œuvr. poet., Eclog., IIII, f° 103 r°, éd. 1585.)
Bourgogne, soleire, souleire, vent d'est. Champagne, soulaire, La Bresse en Vosges, solère, vent du midi. SUR UN ÉVENTAIL
A Madame la comtesse Potocka
Vous voulez des vers ? - Eh bien
non,
Je n'écrirai sur cette chose
Qui fait du vent, ni vers, ni prose ;
Je n'écrirai rien que mon nom ;
Pour qu'en vous éventant la face,
Votre oeil le voie et qu'il vous fasse
Sous le souffle frais et léger,
Penser à moi sans y songer.
1889
|
I
|
Chargé d'une forte symbolique liée
aux joies et aux peines de l'amour,
l'éventail a attiré les poètes,
aussi bien en Orient qu'en Occident.
Ces
poèmes ont concouru à faire de l'éventail
un instrument indispensable des stratégies féminines
de séduction,
ou
à le rendre tel aux yeux des hommes...
Poète bien oublié aujourd'hui
(malgré un réel talent),
Sully-Prud'homme (premier Prix Nobel de Littérature
en 1901)
a
évoqué plus d'une fois l'objet qui nous intéresse.
Le
poème de Sully Prud'homme ci-dessous a été
reproduit le 17 décembre 1893 dans un hebdomadaire populaire, l’Illustré
Soleil du Dimanche,
ce
qui témoigne du renom à la fois du poète
et de l'éventail dans les années 1890...
L’Eventail
C’est moi qui soumets le zéphyre
A mes battements gracieux
;
O femmes, tantôt je
l’attire
Plus vif et plus frais sur
vos yeux,
Tantôt je le prends au passage
Et j’en fais le tendre captif
Qui vous caresse le visage
D’un souffle lent, tiède
et plaintif.
C’est moi qui porte à votre oreille,
Dans un frisson de vos cheveux,
Le soupir qui la rend vermeille,
Le soupir brûlant des
aveux ;
C’est moi qui vous le provoque,
Et vous aide à dissimuler
Ou votre rire qui s’en moque
Ou vos larmes qu’il fait
couler.
Sully-Prud'homme
Le
second poème, par Guy de Maupassant,
plus prosateur que poète, témoigne de la vogue,
à la fin du siècle, des éventails autographes,
cadeaux ordinaires devenus précieux par les quelques
mots inscrits par une personnalité connue, "livres
d'or" que les maîtresses de maison tendent aux
invités de passage, ou carnet d'autographes d'usage
commode !
Vienne
a notamment raffolé de ce type d'éventails, en
particulier avec les brisés en bois simple, dont la solidité
ne bride pas l'expression des poètes ou artistes...
|
étage au dessus
|
|
|
Les "monographies"
Nous étudions, dans ces "monographies",
des éventails très divers, ou des sujets connexes,
et ajoutons de temps en temps une nouvelle étude inédite.
N'oubliez pas d'aller les regarder !
click ! cliquez !
|

L'éventail à système voire "gadget"
Il existe de nombreuses formes d'éventails
de fantaisie, que l'on peut appeler "gadgets". Au fil du temps,
et si vous êtes coopératifs, amis visiteurs de
ce site, nous espérons bien, ici ou dans les rubriques
"Questions d'Eventail" ou "Monographies" , vous
en montrer quelques uns :
- l'éventail optique,
faisant lorgnette, loupe, longue vue ou jumelle On en trouve un grand nombre à cette adresse ;
- l'éventail miroir,
qui permet de regarder derrière soi, ou de se refaire
rapidement une beauté ;
- l'éventail poignard,
à ne pas mettre dans toutes les mains ;
- l'éventail dissimulé
dans : cannes, bouteilles, bouquets, cigares...
- l'éventail à
secrets : éventail automate, avec parties du panache
pouvant se mouvoir, ou éventail "à double entente",
présentant sur chaque face deux scènes (l'une
souvent séditieuse ou licencieuse) ;
- l'éventail télescopique,
ou celui qui, fermé, se plie en deux ;
- l'éventail boîte
à couture, ou à parfums, etc..
... et bien d'autres, dont
certains sont illustrés dans les ouvrages cités
en bibliographie (notamment de M. Volet et G. Walberg)....
parmi lesquels divers éventails ombrelles ou parasols,
comme celui représenté ci-contre, qui présente
l'avantage d'être aussi un éventail miroir.
Un bon exemple de ces objets est illustré par une vidéo mise en ligne
par Margaretha Mazzura, collectionneuse émérite. Il montre, en action,
un éventail articulé :
https://www.youtube.com/watch?time_continue=60&v=bYAs6LlYVF4
|
I
|
|
|
|
retour à l'accueil
|
L'éventail "acoustique"
L'Éventail acoustique.
Je veux indiquer aux femmes atteintes de
certaines formes nerveuses de surdité un moyen extrêmement
simple et facile d'atténuer cette désagréable
infirmité qui raye presque de la société
humaine ceux qui en sont affligés, en les empêchant
d'entendre les conversations et, en conséquence, d'y
prendre part.
Elles auront toujours sous la main un éventail
japonais, fait de bâtons de bambou, fendus en deux,
et recouvert de papier. Lorsqu'elles voudront écouter,
elles saisiront l'éventail, le déplieront, en
appuieront le bord supérieur contre leur mâchoire
(côté où l'on parle ou côté
de la mauvaise oreille), le ployant assez pour donner quelque
tension aux baguettes de bambou. Elles seront toutes surprises
d'entendre comme si elles se servaient d'audiphone et de dentaphone.
En outre, ce sera d'un appareil moins solennel et plus gracieux.
|
I
|
Nous tirons ce texte
amusant d'un ouvrage de la Baronne Staffe (célèbre
par ses livres de savoir-vivre), le Cabinet de Toilette, p 167,
publié à Paris en 1899 par
G. Havard fils Editeur
|
|
|
|
|